29 janv. 2008

Being - BROOKS KEVIN - Rouergue


Being
Kevin Brooks
Rouergue – collection doAdo Noir
352 pages – à partir de 15 ans – 15€

Tout était normal dans la vie de Robert Smith, jusqu’à ce qu’il passe un examen médical.
Cela ne devait être qu’une simple endoscopie pour cause de maux d’estomac, et cela deviendra le jour qui va totalement changer sa vie.
A son réveil de l’anesthésie générale, il sent que quelque chose cloche. Il entend des voix qui lui semblent inquiètes et tendues, il capte quelques mots :
« Qu’est ce qu’il y a à l’intérieur ? Qu’est ce qu’il y a là-dessous ? Du liquide ? Des fils ? On dirait des fils mobiles. »
Robert ouvre les yeux et voit pencher au-dessus de son ventre ouvert le médecin qui l’a accueilli, et un homme en costume.
Il entrevoit un pistolet à la ceinture de ce dernier, sans réfléchir plus avant il l’attrape et le pointe sur la tête de son propriétaire.
Et à partir de là la vie de Robert ne va être qu’une grande fuite en avant.
Il doit fuir ces gens en costumes qui vont lancer une véritable chasse à l’homme, accusant l’adolescent des pires horreurs pour le faire passer pour un dangereux criminel.
Mais le plus effrayant réside en lui, Robert n’avait pas connaissance de sa différence, de sa non humanité, il va devoir faire face à ses démons intérieurs et essayer de trouver des réponses à ce qu’il pourrait bien être.

C’est un roman très fort que nous livre une nouvelle fois la collection doAdo Noir.
Une belle construction avec une alternance d’actions et de lenteur, pour aboutir à un final haletant.
Le fait que le narrateur n’est aucune connaissance de son état, lui fait se poser des questions sur l’humanité en général. D’ailleurs la majeure partie du récit se compose du questionnement qu’il a sur son existence. Une magnifique parenthèse en Espagne va lui faire ressentir qu’il n’a pas besoin d’être fait de chair et de sang pour être au diapason avec d’autres êtres humains.
Robert est une espèce de Jason Bourne qui au lieu d’une perte de mémoire, a une ignorance complète de ce qu’il est. Ce qui est encore plus troublant c’est que ses poursuivants sont eux aussi ignorants de son histoire.
C’est ce qui donne son originalité à ce polar haletant, à conseiller à tout amateur de sensations fortes et à ceux qui aiment les questionnements philosophiques.



22 janv. 2008

Les bizarres - SIGWARD VALERIE - Syros



Les bizarres
Valérie Sigward
Syros – collection Souris noire
143 pages – à partir de 10 ans – 5€90

Thibault mène une vie sans histoire, une meilleure amie un peu farfelue et une tante amoureuse d’un caniche géant orange en sont les seuls éléments qui sortent un peu de l’ordinaire.
Jusqu’à ce qu’arrivent de nouveaux voisins.
Que Thibault et son amie Ginou se mettent vite à appeler les bizarres.
Ces voisins ont une aura très mystérieuse, ce qui excite l’imagination déjà débridée de Ginou.
Et pour pimenter le tout, une nuit Thibault va apercevoir une fille de son âge à une fenêtre, mais le plus bizarre se trouve dans la réaction du père, il pousse la jeune fille sans ménagement et éteint rapidement les lumières.
Le lendemain des rideaux ont été posés aux fenêtres, il n’y a plus aucun signe de la jeune fille.
Mais le plus étrange, c’est que lorsque les deux adolescents vont demander un service à la voisine, celle-ci leur affirme qu’ils n’ont pas d’enfants.
Thibault va alors se mettre à douter de sa santé mentale, aidé en cela par Ginou, et leur ami malien Dialo qui lui envisage très sérieusement que son ami a vu un spectre.
Mais le jeune garçon ne lâche pas l’affaire, il est bien décidé à découvrir si il a rêvé ou non, d’autant que ce spectre avait une bien jolie frimousse…

C’est un polar très drôle et intelligent que nous livre là Valérie Sigward.
La construction est bien huilée, les personnages attachants et certains dialogues à pouffer de rire.
L’auteur nous fait passer comme ça quelques messages importants sur l’immigration non choisie, la clandestinité, et le danger qu’il y a à trop regarder ses voisins, avec d’ailleurs un petit clin à Fenêtres sur cour avec une apparition de jumelles !
Même si a la fin le parallèle entre l’expulsion de Dialo et la situation dans laquelle se trouve la voisine d’en face est un peu facile, il y a un réel plaisir à lire ce roman policier.
Et les jeunes ados seront ainsi amenés à se poser des questions sur cette société dans laquelle ils évoluent qui n’est pas toujours facile à décrypter.

19 janv. 2008

La balade d'Elvis - ARCIS FRANCISCO - Seuil



La balade d'Elvis
Francisco Arcis
Seuil - collection Karactère(s)
97 pages - à partir de 12 ans - 7€50

Caroline Burgy est une jeune assistante sociale, et son premier travail sur le terrain va se révéler être un véritable baptême du feu, au sens figuré comme au sens propre.
Elle a pour mission de conduire un certain Elvis Moreno au tribunal afin qu'il soit jugé pour vol de voiture.
Elvis a 16 ans et une très grande bouche. Il va réussir a convaincre la jeune femme qu'il doit d'abord passer voir sa mère dans sa cité. Caroline se pliera à ses exigences par pur bonté d'âme, ce qui lui vaudra de nombreux ennuis.
L'assistante sociale va devoir rapidement confronter ses connaissances théoriques à la réalité, ce qui ne l'aidera pas forcément à faire les bons choix.
Mais Elvis est au fond un bon garçon et fera tout son possible pour protéger Caroline peu adaptée aux lois qui régissent sa vie d'adolescent en marge.

Francisco Arcis est éducateur spécialisé depuis 20 ans, il sait donc de quoi il parle, mais son expérience ne vient pas alourdir l'histoire. Et de toute façon comme il explique en prologue il a voulu utiliser les armes de la dérision et de l'humour pour nous aider à décoder le quotidien de son métier et des enfants qu'il y rencontre.
Ce prologue de l'auteur est une particularité de la collection Karactère(s) du Seuil, nouvelle refonte de la belle collection de romans pour ados qui ne contenait aucun signe particulier ni marquage des âges.
Là l'âge est marqué et l'auteur a pour devoir d'expliquer au début du livre "Pourquoi j'écris ce livre..."
Est ce que l'on demande cela aux auteurs pour adultes?
Est ce qu'un texte pour adolescent doit forcément avoir un but pédagogique? Et la littérature dans tout ça? Elle était magnifiquement mise à l'honneur dans l'ancienne mise en page de la collection et je trouve ce revirement assez dommage.
Mais bon cela n'empêche heureusement pas la qualité dans le choix des textes, une belle consolation.

18 janv. 2008

Comment j'ai tué mon père...Sans le faire exprès - BROOKS KEVIN - Milan


Comment j'ai tué mon père...Sans le faire exprès (Martyn Pig)
Kevin Brooks
Milan - Collection Macadam
306 pages - à partir de 13 ans - 9€50

Martyn Pig n'aime pas son nom de famille, et encore moins l'homme à cause de qui il le porte.
Ils vivent tous les deux dans une banlieue sordide de Londres où l'adolescent de 17 ans essaie de composer une vie normale entre le lycée et les beuveries de son père.
Seul repère de normalité sa voisine, Alexandra, qui malheureusement sort avec un tocard, Dean.
Martyn Pig n'a pas une vie enviable et son seul réconfort il le trouve dans les romans policiers qu'il dévore. Son virus a commencé quand on lui a offert l'inégrale de Sherlock Holmes pour son anniversaire.
Et "si on considère la situation sous un angle amusant, c'est l'intégrale illustrée (...) qui a tué (son) père".
En effet la raison pour laquelle le crâne de son père a rencontré violemment le bord de la cheminée, c'est parce qu'il criait comme un cinglé pendant le dénouement de sa série policière préféree. Du coup Martyn s'est un peu énervé, et son père a voulu le frapper pour la énième fois.
Mais le garçon ne s'est pas laissé faire cette fois-ci, et a réussi à esquiver la frappe avinée de son père. Qui déséquilibré est tombé la tête la première sur la cheminée.
Martyn se retrouve donc avec un cadavre sur les bras, et aucune intention d'appeler la police pour ne pas finir chez la tante Jeanne, une tornade ambulante, ou encore pire en prison.
Il va donc essayer de faire marcher ses cellules grises, aidé en cela par Alex qui mise au courant de la situation va tout faire pour aider son meilleur ami.
Malheureusement dans la vraie vie rien ne se déroule aussi facilement que dans les romans, et beaucoup de paramètres vont rentrer en compte, notemment 30 000 livres dont son père avait hérité sans lui en parler...
Par contre comme dans les polars, pour le dénouement de l'intrigue : Cherchez la femme.

Kevin Brooks a écrit ce livre en 2002 en Angleterre, et c'est le premier texte qui a fait de lui depuis une star du roman adolescent anglo saxon. Surtout après la sortie de Lucas, qui lui n'a pas encore été traduit en français. Mais bizarrement Martyn Pig lui avait déjà été publié en France en 2002 par les éditions Hachette, sous un autre titre Martyn Pig, Innocent criminel, puis sorti en poche avec pour seul titre Innocent criminel. Aujourd'hui ces deux titres sont épuisés! Milan Macadam a donc voulu remettre ce livre à l'honneur.
Et c'est tant mieux! Ce roman policier est très bien construit, les personnages très intéressants, avec une fin étonnante qui donne envie de relire depuis le début: un bel hommage aux codes des polars! L'action se déroule sur une semaine, avec un récit à la première personne qui nous permet de mieux nous plonger dans les angoisses de cet adolescent pour qui rien ne va.
Un autre des livres de Kevin Brooks Being un roman avec un fond fantastique vient lui juste de sortir aux éditions du Rouergue.
Bref Kevin Brooks a l'air d'intéresser les éditeurs jeunesse, et ce pour notre plus grand plaisir!

9 janv. 2008

Azilis, l'épée de la liberté - GUINOT VALERIE - Rageot

Azilis, l'épée de la liberté
Valérie Guinot
Rageot - 432 pages - 16 €
à partir de 14 ans

La Gaule, juin 477. Azilis, jeune fille aisée d'Armorique, coule des jours paisibles dans le giron de sa maison familiale.
Orpheline de mère depuis peu elle se laisse gâtée par son père et mène une vie aisée, cultivée mais un peu solitaire.
Ses seuls plaisirs sont ses promenades à cheval escortée par son esclave Kian, et ses visites en cachette à Rhiannon, la prétresse de la forêt.
Mais il y a des ombres dans ce tableau qui semble idyllique : son demi-frère Marcus qui veut à tout pris la marier à un de ses amis, aussi fourbe que lui; son frère jumeau parti vivre sa foi catholique dans un monastère, et son grand frère Caius parti lui en Bretagne pour aider à la défense de leur peuple maternel.
Son petit univers va imploser à l'arrivée de son cousin, Aneurin, qui revient d'un voyage en Occident. Il apporte à Caius, et au peuple breton le secret de fabrication d'épées redoutables acquis auprès d'un magicien.
Déçu du départ solitaire de son cousin, il va quand même demander à son oncle une aide financière, ce qui lui sera accordé de bon coeur.
Malheureusement Marcus ne voit dans ce don qu'un grapillage de plus sur son héritage, et va faire assassiner son père pour éviter plus de gachis.
Azilis entrevoyant un destin plus que sombre auprès de Marcus va suivre son cousin, aidée dans sa fuite par Kian . La jeune femme prend également le soin de prendre l'argent qu'elle estime du à son cousin.
Première erreur de jugement qui va avoir pour conséquence une poursuite acharnée par les soldats de Marcus pour récupérer son pécule.
Un long voyage attend la jeune Azilis, un chemin pleins de douleurs et d'épreuves qui la mènera à devenir une légende.

Flamboyant texte de Valérie Guinot. Ce texte nous est livré ici avec une seule signature pour cette adepte du roman à quatre mains.
La recherche historique de cette fana du mythe arthurien est travaillée, mais ne se fait que peu sentir.
On est entraîné par le souffle de la destinée de cette jeune femme promise à laisser une marque profonde dans la légende.
Une certaine noirceure transparaît souvent dans le déroulement des évènements : meurtres, trahisons, non-dits...
Ce qui donne une vraie profondeur à ce récit où on vit la sortie du cocon d'Azilis, le début de l'âge adulte.
On a hâte de connaître la suite de ses aventures et de celles de ses compagnons prévue pour fin 2008.

Deux morts à Venise - NICODEME ET LEFEVRE - Nathan

Deux morts à Venise - Europa Tome 2
Béatrice Nicodème et Thierry Lefèvre
Nathan - 240 pages - à partir de 11 ans
12€95

La famille Cavendish, joyeux mélange italiano-écosso-breton, est en vacances à Venise.
Malheureusement le voyage tourne vite au vinaigre, en effet tout prend une mauvaise tournure depuis leur départ du Danemark (Voir Dossier Morden Ours Polar n° X).
Des chats noirs et autre bizarreries jusqu'au summum : un meurtre a été commis dans l'immeuble dans lequel ils vont passer leur séjour vénitien!
Olivia et Jonathan, les enfants Cavendish, voient passer sous leurs yeux un sac noir dans lequel on a zippé le corps d'un ado de dix-sept ans : Enzo.
Le frère et la soeur vont se trouver bien malgrès eux entraîné dans le tourbillon généré par ce suicide qui ne semble pas en être un.
Olivia va surtout suivre le bleu des yeux de Luca, le meilleur ami du disparu, tandis que Jonathan va tout faire pour éviter les malédictions et les mauvais esprits qu'il voit à chaque coin de ponts.
Les Cavendish vont devoir semer les ombres, les bouches de lions vénitiens trop menaçantes, à travers un Venise inquiétant et malveillant.
Au final les deux adolescents vont se trouver mélés à une affaire dont ils été loin de soupçonner les enjeux.

Une nouvelle aventure européenne pour Olivia et Jonathan que l'on suit avec plaisir grâce à leur logbook (journal de bord qu'ils tiennent chacun leur tour).
Olivia nous fait toujours découvrir les plats typiques du pays traversé, et Jonathan nous amuse l'esprit avec ses mots inventés.
Ce qui est aussi intéressant dans ce tome 2 c'est la fascination pour la mort du benjamin. Le fait de voir un ado de son âge trépassé va entraîner chez Jonathan un questionnement morbide et fasciné autour de la mort.
Questionnement qui parfois lorsqu'il est poussé à bout peut entraîner des fascinations malsaines chez certains adolescents.
Le garçon devient adulte, et se pose des questions d'adultes mais y répond par des techniques encore adolescentes.
Heureusement Olivia est là pour tempérer ses tendances morbides, et la présence parentale, plus forte que dans le tome 1, lui donne aussi les repères nécessaires.
Une bonne continuation de série, même si après le dénouement on aimerait bien savoir comment finissent les méchants, et si une vision plus sociale de la ville aurait été plaisante.
On a quand même très envie de connaître leurs futures aventures qui se dérouleront à Bruxelles l'Européenne.

4 janv. 2008

Le portrait de Leonora - ROBBERECHT THIERRY - Syros


Le portrait de Léonora
Thierry Robberecht
Syros - Collection Souris noire
5€90 - 170 pages - à partir de 11 ans

Emile, douze ans, va un soir découvrir une nouvelle facette de son père chez qui il vit une semaine sur deux.
Il va faire la connaissance de son frère jumeau, Max. Les deux frères étaient fachés depuis plus de 15 ans, depuis la mort de leur père.
Max semble avoir une vie moins bien rangée que son frère, et Emile va découvrir que si il revient après tant d'années c'est parce qu'il a un énorme service à demander à son frère pour éponger ses dettes de jeu.
Inquiet pour son père Emile va veiller sur lui en sous-marin. Et grâce à une visite dans un musée qui va lui faire découvrir le peintre italien du XVIe siècle Titien, il va avoir les clés pour comprendre ce que trament les deux frères qui ont tous deux construit leurs vies autour de leurs dons artistiques.

Sympathique polar qui se passe dans le milieu de l'art.
Une relation père-fils très touchante du fait de leur complicité et du rôle de protecteur qui ici est inversé.
Cela donne également envie de découvrir l'oeuvre de Titien, pour découvrir cette belle Léonora qui déchaîne les passions.
Une intrigue bien menée, du suspens, et des scènes d'actions bien ficelées. Notamment celle qui se passe sous une énorme verrière!
Un bon moment de lecture, et des bonnes pistes de travail pour enseignants!


Qui es-tu Alaska? - GREEN JOHN - Gallimard



Qui es-tu Alaska?
Premier amour
Première fille
Dernière paroles
John Green
Gallimard jeunesse - Collection Scripto
360 pages - 13 € - à partir de 15 ans

C'est l'histoire de Miles Halter, qui a seize ans décide de quitter le douillet nid familial.
Il quitte sa Floride natale pour un pensionnat en Alabama : Culver Creek.
Miles veut un changement radical pour enfin vivre des choses exceptionnelles, il ne veut plus se dénoter seulement parce qu'il connaît les dernières paroles de beaucoup d'hommes célèbres.
Il ne sera pas déçu car l'ambiance de l'internat est survoltée.
Deux groupes se font face : les weekendeurs et les pensionnaires pur-souches.
Miles et son colocataire de chambrée, Le Colonel, font partie du deuxième groupe, ce qui lui vaudra un bizutage salé en tant que nouvel arrivant.
Mais ce qui attire le plus l'attention de Miles c'est Alaska.
Elle est vive, intelligente, passionnée de littérature, et amoureuse de son petit ami qui est à la fac dans une autre ville...
Miles va vivre avec ses collègues d'internat l'expérience d'amitiés très fortes.
Entre les cours de maths d'Alaska dans sa petite chambre encombrée de livres, les plans inratables du Colonel pour piéger les weekendeurs et l'Aigle, responsable de l'internat, la vie passe vite, trop vite.
Alaska va être victime de cette vitesse. Le soir où Miles avait enfin réussi à l'approcher au plus près, elle meure brutalement dans un accident de voiture.
Miles et le Colonel sont sous le choc, ils vont tout faire pour tenter d'élucider l'accident, pour trouver un coupable. Subterfuge maladroit pour essayer de contourner l'énorme douleur de leur chagrin.


Beaucoup d'émotions passent dans Qui es-tu Alaska?, la fin de l'adolescence y est traitée merveilleusement bien. Je l'ai lu d'une traite ce qui m'a voulu un bout de nuit blanche. Je parle rarement à la première personne des livres que je chronique, mais là je sais qu'il y a beaucoup de commentaires contradictoires sur cet ouvrage, certains allant même jusqu'à dire qu'il était de trop dans cette splendide collection pour adolescents qu'est Scripto.
Mais moi je l'ai trouvé d'une justesse et d'une écriture à couper le souffle. Un vrai coup de coeur, de ces livres qui ne vous lâchent pas. Le ton est juste, les personnages profonds et compliqués, les sentiments retranscris au millimètre.
Alors oui il y du sexe, oui c'est parfois cru et sans concession, mais à 15 ans on a le droit de lire des textes qui parlent de ces choses là qui font également parties du quotidien des adolescents.

1 janv. 2008

Si jamais - ROSOFF MEG - Hachette




















Si jamais… (Justin Case)
Meg Rosoff
Hachette – collection Black Moon
16 € - 10 octobre 2007 – 360 pages
A partir de 13 ans

L’adolescence est un passage difficile, David Case est au début de la traversée.
Sauf que pour lui la transition enfance/adolescence a été brutale. Elle s’est confondue avec la tentative d’envol de son petit frère de 18 mois par la fenêtre de leur appartement situé au 4e étage.
Après avoir empêcher la tentative de Charlie de vivre comme un oiseau, David s’est mis à ne voir autour de lui que catastrophes et drames en tous genres.
« Et si jamais… ? Dès lors David s’embourba dans le et si jamais. Le poids du et si jamais s’enroula autour de ses chevilles et l’entraîna par le fond. »
Persuadé que David Case est poursuivi par un destin implacable qui ne se relâchera que lorsqu’il sera mort dans une terrible catastrophe, l’adolescent décide que désormais il se fera appeler Justin.
Cette nouvelle identité lui permettra peut-être de passer inaperçu, et Justin Case (« just in case » : se traduit en français par « au cas où ») cela sonne bien.
Il décide aussi qu’il va faire l’acquisition d’un lévrier imaginaire : Gaillard, parce que cette race de chien est une race noble, et que cela lui donnera plus d’assurance.
Bref David/Justin est perdu, paumé, totalement largué, et cela va attirer l’œil d’une jeune photographe, Agnès, de trois ans son aînée.
Elle va voir en Justin un très beau sujet à photographier, ce doute, cette absence qu’il porte dans le regard lui inspire beaucoup de choses.
Malheureusement elle va un peu trop mettre Justin en lumière, alors que lui évolue en pleine obscurité.
Comment Justin Case va-t-il arriver à échapper à son destin, et si jamais c’était à lui d’en décider ?


Meg Rosoff l’auteur du splendide Maintenant c’est ma vie paru chez le même éditeur, nous revient avec un nouveau récit sur l’adolescence.
Cette fois l’on s’intéresse à un garçon, et sa frayeur d’affronter ses peurs, de prendre son destin de front.
Et cela donne un récit assez juste avec des zestes de fantastique et d’étrange.
Le plus intéressant est le dialogue qui s’installe entre la vie de Justin et le Destin qui, en caractère gras, nous parle tout en s’adressant au jeune homme.
Ce procédé permet de nous placer en recul par rapport au garçon, et installe une vraie tension dans le récit.
Un peu plus maladroit que son premier livre, il n’en reste pas moins que
Si jamais… est un livre à mettre dans les mains de tout ado, afin de lui faire prendre conscience qu’il n’est pas seul dans cette galère, et qu’il suffit de trouver les bonnes rames pour avancer, et que surtout il suffit de faire confiance à ses proches.
Ce livre a obtenu The Carnegie Medal 2007 en Angleterre, où dans la shortlist on trouvait Kevin Brooks, et Siobhan Dowd que du bon quoi!