24 nov. 2007

Le phare des sirènes - RASCAL / LEJONC - Didier



Ange a 13 ans, et son physique correspond à son prénom.
Il vit au bord de la mer avec son oncle Yann qui pêchent des harengs, la vie est simple et belle pour tous les deux.
Malheureusement l'oncle d'Ange se perd en mer lors d'une grosse tempête.
Ange fou de douleur scrute la mer avec une longue vue, il aperçoit une main.
Il court vers le rivage plein de l'espoir de repêcher son oncle.
Ce qu'il va trouver sur cette plage de sable rouge est extraordinaire : Une sirène.
Blessée et fatiguée, elle se nomme Swidja, trèsor dans le langage de son peuple.
Ange va la ramener dans sa cabane, la soigner.
Il va écouter ses histoires de fond de mer. Elle va lui dire chaque jour qu'elle le trouve beau.
Le jour de la guérison Swidja retourne à l'océan, en promettant de revenir chaque nuit voir son bien-aimé.
Ange et la sirène vivent un amour parfait jusqu'à l'année 1914.
Ange a l'âge d'être mobilisé sur le front.
Le destin de son pays est plus fort que celui de son amour.
Il rentrera gueule cassée, sa sirène perdue à jamais.
Mais Ange ne perd pas espoir et vit desormais dans le phare Hic sunt sirenae, au milieu de l'eau, près d'elle.

Magnifique!! Enorme coup de coeur, autant pour le texte envoutant de Rascal, que pour les images oniriques de Régis Lejonc.
Les deux se marient se complètent et forment une histoire splendidement triste.
Un grand format qui donne une impression de succession de toiles.
Un vrai vrai bonheur d'album autant pour les petits, à partir de 8 ans, que pour les grands.

Explications

Ci-dessous des interviews que j'ai réalisé par mail avec Pascal Garnier, dont vous trouverez les livres jeunesse chroniqués sur ce blog.
Ce monsieur est aussi un très bon peintre, et écrit de très bon livres pour adultes, aller les découvrir sur le site de l'entre 2 noirs (lien en bas à droite).

Interview de Pascal Garnier

à propos de : « Derrière l’écran » pour L’Ours Polar.

  1. Tout d’abord d’où vous ai venu l’idée de ce livre qui traite de cinéma et de la peur de vieillir?
    J’aime le cinéma et les montagnes d’Ardèche. Par hasard j’ai rencontré une association à Lamastre, là où se situe l’histoire, qui pratique cette activité ; le cinéma itinérant. J’aurais adoré apporter le rêve à domicile dans ces régions reculées et sauvages. Auprès de ces gens, j’ai pu me documenter sérieusement et en profiter pour me balader dans le coin, ce qui m’a permis de me régaler dans les descriptions des paysages. De plus en plus, dans mes livres, le décor devient aussi important que les personnages principaux. Pour ce qui est de la peur de vieillir, ma foi, je suis comme tout le monde. Chaque matin en me levant je me découvre une nouvelle douleur et je me dis que malgré tout, c’est la preuve que je suis toujours vivant.
  2. Jimmy est un héros atypique, mais un ado typique. Mal dans sa peau, avec des difficultés à cerner ses envies et son avenir. Serait-il un reflet de l’ado que vous étiez ? Ou bien celui d’une personnalité de votre entourage ?
    J’ai été Jimmy, il y a hélas bien longtemps, mais je m’en souviens parfaitement. L’adolescence est un cap difficile à franchir. Presque du jour au lendemain, nos jouets, ne sont plus que des choses inertes, dénuées d’intérêt. On n’est plus un enfant et pas encore un adulte. Bref, comme on dit vulgairement, on a le cul entre deux chaises et ce n’est pas très confortable. C’est sans doute pourquoi je m’attache à écrire plus particulièrement pour cette tranche d’âge dans l’espoir d’y apporter encore un peu de magie.
  3. Le père de Jimmy revient vers son fils après une peine de prison. Y-a-t-il une volonté de votre part de parler de la réinsertion des prisonniers par le biais du parcours père du héros ? Il m’est arrivé bon nombre de fois d’aller rencontrer des détenus et, effectivement, c’est la réinsertion qui pose le plus gros problème. Je comprends qu’il y ait des prisons mais à quoi servent-elles ? Si c’est pour y pourrir en se gavant de médicaments et de télé sans rien y apprendre, sans rien y comprendre, le retour à la liberté équivaut à revenir à la case départ et généralement en plus piteux état que le jour de son incarcération. Il m’a parut souhaitable, en créant le personnage du père, d’en dire quelques mots. Cela mérite réflexion.
  4. L'héroïne mystérieuse, Diane, est un personnage de femme très intéressant. Quel message avez-vous voulu faire passer, si message il y a, en la dotant de cette forte peur de vieillir? Un regard sur notre société très tournée vers 'image? Je n’ai pas de message à faire passer, si non, je serais devenu facteur. Je me suis contenté de décrire Diane comme une jeune fille que j’aurais aimé rencontré à l’âge de Jimmy et peut être cela s’est-il passé ? Qu’elle soit mystérieuse, toutes les femmes le sont et le seront toujours à mes yeux. Mais sans fausse modestie, je m’aperçois, en écoutant mes lecteurs parler de mes livres, qu’ils sont beaucoup plus intelligents que moi. Aussi, si certains veulent y voir un symbole sur l’image de la femme dans notre société, ils ont sans doute raison.
  5. Une fin aussi triste, était-ce une volonté de faire de cette histoire un drame romantique?Les histoires d’amour finissent mal, en général. Il suffit de se référer à nos bons vieux contes de fées (La petite sirène, la petite fille aux allumettes, etc… La liste est longue !) pour se faire à l’idée qu’à la fin, on ne se marie pas toujours en ayant beaucoup d’enfants. Et puis allez savoir, qui dit que la dernière page du livre n’en cache pas une autre ? Jimmy est sain et sauf, quant à Diane, on n’a pas retrouvé son corps. Peut être la retrouvera-t-il dans celui d’une autre ? On ouvre un livre mais on ne le referme vraiment jamais. Avec les auteurs, il faut s’attendre à tout !

12 nov. 2007

interview Pascal Garnier

1 -Comment êtes-vous devenu auteur jeunesse?
Par hasard. Je ne connaissais strictement rien à la littérature jeunesse. Des éditeurs m’ont contacté. Je me suis lancé sans trop y croire étant donné que mon univers littéraire, plutôt sombre, me semblait à des années lumière de ce genre. J’ai écrit mon premier roman, « Un chat comme moi », sans me soucier de savoir si c’était pour la jeunesse. C’est peut être pour ça que ça a marché.
2 -A vos yeux, qu'est-ce qui caractérise un "texte jeunesse"? Son écriture? Ses thèmes? Son vocabulaire? etc...
Il n’y a pas plus impitoyable qu’un jeune lecteur. Si vous ne l’avez pas embarqué au bout d’une page, vous pouvez être certain que votre bouquin ne servira plus qu’à caller le pied d’un meuble. Alors, de l’action, du rythme, des phrases courtes et des mots de tous les jours. Pour le fond, mêmes ingrédients que pour n’importe quel roman : Rire, pleurer, frémir, etc… De l’émotion, quoi.
3 -Le livre dans votre production jeunesse dont vous êtes particulièrement fier ou qui vous laisse un souvenir particulier.
« Traqués », à L’école des loisirs. C’était à l’origine une nouvelle pour adulte, bien noire, bien glauque qui finissait dans un bain de sang. Mais en cours d’écriture, je suis tombé amoureux de mes personnages, les frères Bouin, huit et treize ans. Je ne pouvais pas les laissé dans ce cauchemar, je me sentais coupable. Alors, j’ai repris le début et développé une suite, de plus en plus lumineuse jusqu’à les quitter sur une fin ouverte. Certains jours, j’ai bon cœur.
4 -Quel est le thème que vous aimez davantage traiter en littérature jeunesse?
Je n’ai pas de thème de prédilection pour la bonne raison que quand je commence un livre, je ne sais pas du tout où il va me conduire. S’il y a un élément récurent dans ces aventures, c’est sans doute le principe de résilience. Dès le départ on met le personnage en difficulté et on attend de voir comment il va s’en sortir par lui-même. Chaque histoire est un petit voyage initiatique. Comme dans la vie, quoi.
5 -Enfant, quel genre de lecteur étiez-vous ?
Je lisais n’importe quoi, tout ce qui me tombait sous la main, le pire comme le meilleur. Il n’y avait pas à l’époque tout ce saucissonage par tranches d’âge, on passait directement du conte de fée aux auteurs classiques, Dumas, Hugo,… Bien souvent je ne comprenais pas ce que je lisais, mais j’aimais l’état dans lequel me mettait la lecture.
6 -Un livre pour la jeunesse qui vous a marqué petit ?
J’aurais du mal à en citer un. J’en ai aimé certains parce qu’ils me faisaient rire, d’autres parce qu’ils me faisaient pleurer, ou peur, mais tous m’ont apporté quelque chose. La littérature est un tout. Il n’ai jamais bon de se limiter à un genre particulier.
7 -Quels sont vos livres actuels qui vous plaisent en littérature de jeunesse ?
Je ne lis jamais de littérature jeunesse. Désolé.
8 -Quelle est la meilleure phrase qu'un enfant vous ait dite ?
Pas une phrase, un mot seulement : ENCORE !