30 mai 2009

La voie du couteau - NESS PATRICK - Gallimard


La voix du couteau - Le chaos en marche, Livre 1 (The Knife of Never Letting Go - Chaos Walking Book One )
Patrick Ness
Traducteur : Bruno Krebs
Gallimard Jeunesse - Hors série Littérature - 04/09
440 pages - à partir de 13 ans - 15 euros



Faisons la connaissance de Todd Hewitt. Dernier garçon de sa communauté, il va fêter ses 13 ans dans un mois. Et dans le petit bourg de Prentissville, constitué exclusivement d’hommes, cela est considéré comme une sorte de frontière. De par ce fait Todd doit aller jouer seul dans les marais avec son chien Manchee.
Malheureusement « la première chose que vous apprenez quand votre chien se met à parler, c’est que les chiens n’ont pas grand-chose à dire. Sur rien. » Seulement les marais sont le seul endroit où Todd peut aller se réfugier du Bruit des hommes. Même si les marais sont l’ancien repaire des Spackles qui, après une guerre contre les humains, ont diffusé le virus qui tua les femmes, fit parler les animaux et donna aux hommes le Bruit. Sorte de fond sonore permanent composé de fragments des pensées de tout un chacun.
Il fuit aussi le prédicateur du village Aaron, qui semble intéressé par quelque choses qui se trouve dans les marais, mais ce qui gène surtout Todd c'est le Bruit malsain que dégage cet homme passionné.
Tout peut s’entendre dans le Bruit, et même se voir. Ainsi Todd malgré le fait qu’il soit naît juste avant la venue du virus, a une vague idée de ce à quoi ressemblent les femmes. Il est malgré tout très surpris quand il en croise une dans les marais ce jour-là. Mais le plus surprenant pour le jeune garçon, est le silence qui l’entoure, « Paix » comme le dit Manchee.
Cette rencontre va marquer un tournant dans la vie de Todd, il va devoir fuir le monde qu’il connaît pour sauver sa vie ainsi que celle de sa nouvelle amie : Viola Eade. Jeune fille venue d'ailleurs qui ne comprends à ce qui se passe dans ce monde de fous,et qui bizarrement fuit elle aussi le terrifiant Aaron.

Voilà comment débute l’expérience littéraire du moment. L’auteur est un jeune homme de 37 ans né en Virginie et vivant actuellement à Londres.
Patrick Ness a écrit son premier roman pour adolescents en se basant sur l’idée que les adolescents vivent dans un monde bruyant. Où les informations affluent sans filtres, tout le temps.
La seconde motivation de l’auteur fut de proposer aux adolescents un livre dans lequel il n’insulterait pas leur intelligence.
Et ça fonctionne : deux des plus grands prix littéraires anglais lui ont été décerné en 2008. Le Prix Guardian, décerné par des auteurs, où il fût finaliste avec Siobhan Dowd et Franck Cottrell Boyce ( qui sont parmis mes chouchous).
Et le Booktrust Teenage Prize 2008, avec un jury composé par moitié d’adolescents, qui furent ceux à peser le plus dans la balance, alors même qu’il était finaliste avec le dernier Alex Rider de Anthony Horowitz...
Le style atypique à la Falkner attirera aussi les adultes, ainsi que pour le fonds, car les adolescents ne sont pas les seuls concernés par les dérives de la sur-information.
Ce premier tome lance une trilogie qui va très certainement se glisser auprès des meilleures séries pour grands adolescents aux côtés de La croisée des mondes de Philipp Pullman, ou encore Entre chiens et loups de Malorie Blackman. Le tome 2 est prévu par Gallimard jeunesse en 2010, et Patrick Ness est en train d’écrire le troisième.

Un style à part, et des concepts sans concession vont certainement faire de Patrick Ness une figure récurrente.

D'autres blogs, d'autres avis :
Ceux qui n'aiment pas: Cuné,
Ceux qui aiment: Lael,Fashion, Eolune, Cathulu

Le filou de la forêt - JEFFERS OLIVIER - Kaleidoscope


Le filou de la forêt
Olivier Jeffers
Kaléidoscope - 03/09
36 pages - à partir de 3 ans - 12 euros 50

"Il fut un temps dans la forêt où rien n'allait comme il faut". Et l'image au dessus nous montre un ours à bonnet rouge qui traîne une hache menaçante.
Voilà le début de cette affaire mystérieuse qui ébranle toute la forêt : des branches disparaissent des arbres, quand ce ne sont pas les arbres eux-mêmes.
Tous les habitants de la forêt y vont de leurs propres hypothèses chacun s'accusant les uns et les autres pour des motifs multiples : c'est le castor et ses dents incontrôlables, le hibou pour son nid...
Mais tous ont un alibi en béton : le castor avait piscine, le cerf jouait à la console vidéo...
Bref "l'affaire était bien mystérieuse. Une enquête fut ouverte pour aller au fond des choses."
Alors tout le monde se mobilise, on sort le ruban jaune, les appareils photos à gros flashs et les loupes. Les experts enquêtent à la recherche d'indices.
Et ils vont tomber sur un avion en papier qui portent une empreinte d'ours.
L'étau se ressert...

Coup de cœur énorme pour cet album du poétique Olivier Jeffers!
C'est drôle, c'est intelligent, le texte et l'image se complètent à merveille.
Quand le texte nous raconte l'enquête des habitants de la forêt, l'image nous montre en arrière plan l'ours qui continue ses petites affaires.
L'enfant se retrouve aussi en position d'enquêteur puisque des indices sont disséminés ça et là dans les illustrations, alors que tout nous est révélé à la fin au moment du procès.
Et cela fourmille de références pour les grands et les petits, il y a même un clin d'œil à un autre album de l'auteur.
Bien sûr je ne vous révèlerez pas fin mot de l'histoire, mais sachez que pour ma part mon modèle préféré est le n°73 : le caillou volant, surtout la phase n°6 de sa construction : "et hop".

Big frousse à Londres - JOLY SYLVIE - Sarbacane


Big frousse à Londres
Fanny Joly
illustrations : Laurent Audouin
Sarbacane - Les enquêtes de Mirette - 02/09
26 pages - à partir de 7 ans - 13 euros 50

Mirette est en alerte, elle a reçu un message énigmatique de sa tante Dorothy qui habite à Londres. Ni une ni deux elle embarque Jean-Pat son chassistant dans le premier Eurostar pour découvrir ce qui lui est arrivé.
Une fois arrivés sur place ils se rendent compte qu'il y a effectivement quelque chose qui cloche. Et ce en la personne d'un type bizarre qui porte rouflaquettes et bottes de cuir se présentant comme le soi-disant majordome de la tata.
Ne croyant pas un mot de ce que lui raconte ce mystérieux bonhomme Mirette et Jean-Pat se planquent pour finalement le voir sortir avec un gros étui de contrebasse.
Ils essaieront de le suivre mais le traffic Jam Londonien ne leur permettra que de faire connaissance de ceux qui les ont prit en stop, à savoir un laitier et sa chatte siamoise Samantha.
Les deux enquêteurs vont devoir faire fonctionner leurs cellules grises et leur super Zécran (sorte de Iphone spécial enquêteur) pour trouver Dorothy et le fin mot de l'histoire. Une énigme qui cache un complot tentaculaire!!!

Quel plaisir de retrouver les deux enquêteurs de Fanny Joly!
Le système de rabats est toujours présent, de même que le système d'astérisques qui viennent pimentés le texte. Comme celui de la page dans l'Eurostar : "Jean-Pat a prouté."
Le suspens est au rendez-vous ainsi que le dépaysement, Londres est magnifiquement mis en valeur par le travail de Laurent Audouin qui nous donne des illustrations à la fois fidèles et très dynamiques.
Une série de qualité qui reprend les codes du polar en nous faisant rigoler grâce au personnage de Jean-Pat qui possède toutes les tares du monde, mais qui sait toujours utiliser sa fainéantise à bon escient pour sortir Mirette d'une impasse!
Et en plus on apprend toujours quelque chose par le biais des endroits où les enquêtes se déroulent.

La soupe de diamant - HUIDOBRO NORMA - Ecole des loisirs


La soupe de diamants ( Sopa de diamantes )
Norma Huidobro
Traduction de l'espagnol (Argentine) Sophie Aslanides et Myriam Amfreville
Ecole des loisirs - Neuf - 03/09
189 pages - à partir de 9 ans - 9 euros 50

Maléna refuse d'aller passer ses vacances d'hiver au Brésil avec son père et sa sorcière de belle-mère. Surtout que cette dernière n'a toujours pas accepter son look dreadlocks et vêtements de fripes. Mais comme sa mère doit aller au Mexique pour un reportage, elle va proposer une autre destination. Rester en Argentine mais partir à Capilla del Monte chez son grand-père qui y tient un restaurant.
Et à peine est-elle arrivée là-bas que le meurtre d'une infirmière défraie la chronique. Surtout qu'il est apparemment lié à une mystérieuse maison abandonnée où se serait caché il y a plusieurs années un énigmatique anglais impliqué dans un vol de diamant.
Ni une ni deux Maléna va se lancer dans l'enquête pour trouver le coupable à l'image de son héros littéraire préféré : le comissaire Maigret.

Un petit polar dans des paysages sud-américains peu habituels dans la littérature de jeunesse. Avec une héroïne atypique qui nous raconte sa vie chez ce grand-père adoré qui rythme sa vie de plats qu'elle adore et d'une affection particulière.
Et comme dans les romans de Simenon l'ambiance du village transparaît par ses pérégrinations chez les habitants qui lui racontent leurs histoires.
Un vrai roman policier "à l'ancienne" qui ravira aussi par son style très particulier, à la fois ensoleillé et prenant.

La nuit du visiteur - JACQUES BENOIT - Benoit Jacques


La nuit du visiteur
Benoît Jacques
Benoît Jacques - 10/09
108 pages - à partir de 3 ans - 17 euros

« C’est la fin de la journée,
l’heure où partout s’étend le crépuscule.
Dans la forêt Mère-Grand s’est enfermée
au fond de sa cabane minuscule.
Fatiguée, inquiète et solitaire,
Elle attend assise dans son lit
Le petit chaperon retardataire
Qui doit venir comme tous les vendredis.
Toc, toc, toc,
On frappe à la porte. »

Voici le début de ce remake du petit chaperon rouge.
Où classiquement le loup est d’abord passé chez la Mère-Grand pour la boulotter avant que n’arrive le dessert. Sauf que cette fois la mémé a décidé de ne pas se laisser faire, ou alors elle a Alzheimer. A chaque coup à la porte elle fait la sourde à la mémoire vacillante, et à chaque coup le loup change de prénom pour enfin trouver la clef d’entrée.
Et de plus en plus ce grand méchant s’énerve, s’époumone. Et le texte s’agrandit avec sa frustration. A la fin la mémé a même oublié la formule magique et baragouine des « Fais frire les croquettes et la raclette fondra ! » et des « Ote la chemisette et la salopette tombera ! ».
Le loup va aller en exploser de colère au fond de la forêt.
Sur ce arrive le petit chaperon rouge à qui la Mère-Grand rappelle qu’elle est moderne et qu’elle un système à clef tout bête, et que la clef est sous le paillasson…

Le plus étonnant dans tout ça c’est la tension dramatique instaurée par les échanges entre la Mère-Grand et le grand méchant loup qui se dévoile à la fin. Cette tension est aidée par les 3 couleurs utilisées : le noir, le blanc et bien sûr le rouge. Et aussi par les illustrations où le loup est représenté différemment selon les prénoms qu’il utilise qui vont de « Bruno qui en a plein le dos » à Barnabé qui se fait passer pour un livreur à domicile. Et comme indiquer sur la quatrième de couverture « il vous faudra des nerfs d’acier pour ne pas abandonner cette lecture éprouvante en cours de route et risquer ainsi de louper la clef de l’énigme ». Et cela fait très actuel, on imagine très bien une mamie de l’autre côté de son hygiaphone tentant de se débarrasser d’un importun malveillant. Un livre-objet superbe qui a gagné le prix baobab à Montreuil cette année, créé, conçu et découpé par Benoît Jacques dans son petit atelier.

L'étonnante disparition de mon cousin Salim - DOWD SIOBHAN - Gallimard


L'étonnante disparition de mon cousin Salim ( The London Eye Mystery )
Siobhan Dowd
Traducteur : Catherine Gibert
Gallimard jeunesse - Grand format - 04/09
295 pages - à partir de 11 ans - 12 euros

Salim est le cousin provincial des londoniens Kat et Ted. Il vient leur rendre visite pour la première fois parce que sa mère, séparée de son père, a décidé de tout plaquer pour partir vivre à New-York. Ils profitent donc de leur départ depuis la capitale pour faire du tourisme avec la famille. Salim a une idée bien précise en tête : le London Eye.
Il rêve depuis toujours de faire un tour dans cette grande roue. Le jour venu il monte seul car un homme qui se dit claustrophobe lui fait cadeau de son billet. Ted a un syndrome au cerveau qui lui fait voir les choses différemment. Il va compter 21 personnes montant dans la nacelle de Salim, et 21 personnes qui en descendent. Mais Salim n’est pas dans le groupe de ceux qui descendent, il a disparu. Ted et Kat vont alors coopérer, Ted avec son cerveau et Kat avec son caractère bien trempé : la tête et les jambes. Ils vont mener leur propre investigation en cachette des adultes.

Une enquête au coeur de Londres et de sa banlieue.
Le narrateur Ted a une particularité, il est différent. Son syndrome n'est jamais cité, on devine juste par la citation d'hommes célèbres tel Einstein qu'il a un syndrome d'Asperger assez léger. C'est à dire une forme d'autisme qui l'empêche de bien vivre en société car il ne sait pas analyser les expressions physiques d'autrui. Ted ne sait pas les relier à des émotions, des pensées. Et son point de vue à lui est tellement loin de la normale que cela nous fait prendre conscience de certains de nos travers. Un personnage vraiment très touchant et très attachant. Sa vision si particulière de la vie fait de ce roman un récit sensible écrit par un auteur irlandais trop rapidement disparu.

22 mai 2009

Bip


Houston nous avons un signal...
En espérant que j'arrive à réanimer la bête je pense revenir mettre un peu de sang frais par ici, si il y a toujours du monde pour assister au come back!...