Pfft, on souffle sur la poussière qui traîne un peu partout.
De retour pour vous parler des deux nouveautés dans la super collection des "Petits imagiers sonores" chez Gallimard Jeunesse.
Deux opus illustrés par Elsa Fouquier, qui sait réaliser des mises en page très dynamiques aux couleurs franches qui tapent tout de suite dans l'oeil.
Les sons sont extraits d'ouvrages qui étaient sous forme de livres-cd chez le même éditeur, on a donc des enregistrements de qualité et presque uniformes. Agréables à l'oreille des grands et audibles par celle des petits.
Ma grande de 3 ans 3/4 les adore, cela lui a refait apprendre des comptines et elle aime beaucoup le fait de pouvoir jouer au DJ en appuyant elle-même sur les puces.
Ces titres renouvellent la collection de manière ludique et intelligente!
Emma et le jardin secret ( Emma dell'ermellino)
Beatrice Masini
traducteur : Sophie Gallo-Selva
éditeur : Les petites moustaches
07/13 - 150pages - à partir de 10 ans - 12 euros
L’éditrice et traductrice de ce roman, qui a d’ailleurs déjà
traduit quelques-uns des textes de Béatrice Masini pour des grandes maisons
d’édition, avait à cœur de faire publier ce texte depuis plusieurs années.
Chaque fois on lui opposait comme argument le fait que ce texte était d’un
niveau littéraire trop soutenu pour cette tranche d’âge. Elle a donc créée sa propre
maison d’édition afin de, entre autre, pouvoir publier ce texte. Et elle a bien
fait. Voici un roman sensible qui raconte deux parcours en parallèle, deux Emma
aux caractères bien trempés à 500 ans de distance. Effectivement l’écriture est
un peu plus soutenue que les ouvrages habituellement proposés aux 9-12 ans,
surtout les passages relatifs à la plus ancienne des deux héroïnes qui sont retranscrits en italique.
Mais les
histoires sont tellement prenantes et passionnantes que cela ne devrait pas
être un obstacle pour les lecteurs de cet âge qui ont justement envie de textes
passerelles : ni trop faciles, ni trop difficiles.
Un très bon début pour cette
jeune maison d’édition bordelaise.
"Je n'ai pas préparé de discours je suis toute émue..."
Le principe : afficher le logo de l’award ; remercier la blogueuse/le blogueur vous l’a décerné ; lister 7 points sur soi ; nominer 15 autres blogueurs ; les prévenir que vous avez pensé à eux.
7 points sur moi :
Je déteste le repassage;
Je suis un grande fan des jours d'hiver où il fait très froid mais avec un ciel très très bleu;
J'ai eu récemment un coup de foudre pour la ville de Venise;
Je suis allergique aux poils de chiens, alors que toute mon enfance j'ai déclaré haut et fort que je voulais être vétérinaire;
J'ai donc un esprit très contrariant:
J'aime qu'un plan se déroule sans accroc;
J'ai une petite fille de presque 3 ans, qui rentre à l'école dans une semaine tout pile. Et en ce moment on écoute Bulle et Bob à l'école en boucle.
Les 15 nominés : (je triche c'est beaucoup trop pour moi, en plus Gaëlle a mis beaucoup de nom que j'aurai proposé je réduis et j'en proposerai peut-être plus tard...)
Montreal 1996, Grace fait du ski sur le mont Royal. Psychothérapeute, la trentaine, récemment divorcée, elle skie pour oublier ses soucis, sa vie trop pleine de celle des autres. Mais au détour d’une piste elle va voir à la croisée de chemins quelque chose qui va la faire s’arrêter, un homme la tête enfouie dans la neige. en le secourant elle ne le verra pas tout de suite mais cet homme sans connaissance n’est pas tombé là par accident, au dessus de lui une branche cassée, autour de son cou une corde tressée.
New York 2002, Anne tente de percer dans le milieu hostile du théâtre professionnel. Sa beauté, et son douloureux passé l’empêche de nouer des relations durables avec ses semblables et de trouver des rôles à sa mesure. Pourtant un jour elle va ouvrir la porte à une personne encore plus perdue qu’elle, et la jeune femme devra alors tendre une main, comme pour rendre la pareille à une certaine Grace qui l’avait fait pour elle il y a des années.
Iqaluit, 2006, Mitch fuit Martine, une femme splendide mais à la personnalité trop envahissante, et Mathieu son fils autiste. Sous prétexte d’une mission humanitaire pour aider une communauté en difficulté dans la région arctique. Son manque de concentration et sa peur de perdre la femme qu’il aime l’empêcheront de trop s’impliquer, et de pouvoir réellement aider un adolescent à la dérive. Il fuira en retournant à Montréal, où il apprendra que son ex-femme, Grace, vient d’avoir un grave accident de voiture.
"Quand on s’est connu, on s’est reconnus, on s’est perdu de vue, on s’est r’perdu d’vue(…)chacun pour soi est reparti dans le tourbillon de la vie…". Pour moi c’est ça Inside, le tourbillon de la vie de ces trois personnages, une plongée dans leur intimité, leurs pensées, sur un temps donné propre à chacun des protagonistes, plus un. Le plus un qui fera dévier la vie de Grace, elle-même pivot dans la vie de Mitch et Anna. Un roman qui tombe juste, foisonnant et vivant qui jamais ne tombe dans l’excès. Où l’on rit, l’on pleure, un condensé de vie parfaitement maîtrisé par la jeune romancière américaine, déjà auteur de deux romans, Inside étant le premier traduit en français.
L'extrait de la chanson du film Jules et Jim de François Truffaut (parce que de toute façon vous l'avez déjà en tête)
[à propos de Truffaut, avez-vous écouter cet été sur France Inter la série Hitchcock, Truffaut secrets de fabrication.? C'est en format court, sublime, drôle, passionnant. Entendre François démonter chaque film d'Alfred, Alfred refaire une scène des 400 coups c'est charmant et véritablement on touche à la réflexion des génies.]
5994e jour, A se réveille dans le corps de Justin. Comme les jours précédents il va devoir s’habituer à son nouvel hôte. Comme les 5993 jours précédents il s’est réveillé dans un corps qui n’est pas le sien, cette fois-ci c’est en garçon, mais il aurait pu se réveiller fille. Pour lui cela n’a pas véritablement d’importance. Seule compte la survie, grâce à sa capacité d’accéder à la mémoire de ses hôtes, qui lui permet d’être une sorte de parasite aux 6000 vies. "Le véritable défi, c’est d’appréhender la vie, le contexte de ce corps." A est une âme squatteuse qui vit à la périphérie de la vie des autres. Il a grandit, il a aimé, il a souffert, mais jamais deux fois dans le même corps.
Grâce à Justin, un loser qui fait souffrir ceux qu’il aime, il va croiser le chemin de quelqu’un qui va lui donner envie de revenir : Rhiannon, une jeune fille timide, mal dans sa peau, qui va toucher A en plein cœur lorsqu’il va devenir son petit ami d’un jour.
A va devoir mettre son âme à nu pour pouvoir conquérir la belle, mais comment séduire la femme que l’on aime lorsqu’un jour on est une magnifique jeune fille qui fait se tourner toutes les têtes, et celui d’après un obèse de 160kg? Reste le regard me direz-vous, mais seriez-vous prêt à faire ce sacrifice et afficher au monde entier un amoureux différent chaque jour?
David Levithan nous livre un livre sensible, qui décortique le sentiment amoureux, et l’arrivée d’un premier amour sous un angle différent et original. A est une sorte de philosophe en culotte courte, qui nous fait appréhender toutes les difficultés que peuvent nous faire subir notre propre corps : addiction à une drogue, surpoids, soucis d’identité sexuelle… Toutes ces pressions que A doit stoïquement subir lui le pur esprit. Tous ces obstacles qu’il devra franchir pour arriver à convaincre Rhiannon de la sincérité de ses sentiments. C’est un regard très intéressant sur l’adolescence, puisque l’on a plusieurs points de vue au fil des 40 réveils différents de A.
Pas un gros coup de cœur à cause d’un début laborieux, de situations et dialogues un peu creux. Il y a aussi une volonté forcée de faire passer un message sur l’homosexualité, c’est louable, car trop peu traité en littérature ados, mais les ficelles sont trop grosses à mon goût. Cependant c’est une lecture plaisante qui donne envie de connaître la fin.
Fiche d’identité
A comme Aujourd’hui (Every Day)David Levithan Traduction (usa) : Simon Baril Editions : Les Grandes personnes isbn 9782361931735 / 17€ / 09-2013 à partir de 12 ans
Hazel Grace a 16 ans, et son moindre défaut dans la vie est de se trimballer une bouteille à oxygène qui sert de béquille à ses poumons capricieux affaiblis par de trop nombreuses attaques cancéreuses.
Elle se sait condamnée et a su ne pas trop s’immiscer dans la vie des gens, et dehors de celle de ses parents. Tout simplement parce qu’elle a trop conscience de mettre en miettes les seules personnes qui l’aiment à chaque rechute. Les faire souffrir eux est amplement suffisant.
Un des seuls copains fiable qu’elle s’autorise, c’est Isaac, membre comme elle d’un groupe de soutiens "jeunes cancéreux". Son cas est lui aussi loin d’être enviable, il a déjà perdu un œil et le second va lui être enlevé dans les prochains jours. Ils se sont toujours senti sur la même longueur d’onde pendant les discours trop positifs-yipi-yay de Patrick, le modérateur. Mais voilà qu’à quelques jours de perdre complètement la vue il ramène son meilleur ami au groupe de soutien, Augustus, en rémission d’un cancer des os.
Ancien basketteur, beau comme une dieu, drôle, attachant… Bref le mec parfait quand on a pas les poumons remplis de métastases.
Leurs étoiles seront contraires, leur histoire d’amour elle transcendera le ciel lui-même.
John Green ne paie pas de mine. Il est l’archétype du geek un peu lourd, mais attachant. Créateur avec son frère de vidéos un peu débiles sur le net, fondateurs des nerdfighters, rien ne laisse présager de son talent d’écrivain.
Car oui John Green est un grand, l’auteur qui m’a tiré le plus de larmes, me fait le plus rire, me touche véritablement en très peu de mots. C’est un magicien, tout simplement. Nos étoiles contraires est véritablement le plus beau, rien n’est à jeter. Aucun pathos, aucune mièvrerie, aucun faux-semblant.
Pour résumer bêtement on peut dire que c’est une sorte de Love Story, avec des passages qui vous ferons vous tenir les côtes de rire…
Fiche d’identité
Nos étoiles contraires (The fault in our stars) John Green Traduction (usa) : C. Gibert Editions : Nathan isbn 978-2-09-254303-0 / 16€50 / 02-2013 *****
Rêves en noir
Jo Witek
Actes Sud Jr - 01/13 - 336 pages - à partir de 13 ans - 14,50 euros
Quoi de plus normal que de vouloir ressembler à tout le monde ? Surtout quand on est une adolescente coquette, et qui aime plaire. On veut les derniers habits à la mode, être regardée par les garçons et surtout ne pas avoir comme accessoires une canne blanche et des lunettes noires. Mais quand on a une volonté de fer comme Jill, être aveugle n’est pas un obstacle au fait de vouloir vivre comme tout le monde. Prendre le métro toute seule, rire avec ses copines, flirter avec les garçons et faire le mur les soirs où ses parents sont de sortie voilà des choses qu’elle ne se refuse absolument pas. Sauf qu’être comme tout le monde signifie aussi avoir des problèmes, comme tout le monde. Et un soir où elle fait le mur de nuit, toute seule, dans un parc parisien désertique, elle va entendre un homme se faire agresser et supplier qu’on lui vienne en aide. Cet appel à l’aide auquel elle ne peut absolument pas répondre va plonger Jill dans les affres de la culpabilité et du doute quant à sa capacité de pouvoir vivre comme tout le monde. Mais le plus étrange pour Jill sera que la police, prévenue par ses soins de l’agression, ne trouvera absolument aucune trace de la victime. Et que très vite viendra une autre nuit, où cette fois bien au chaud dans son lit, elle va se mettre à rêver en couleurs. Ce qui ne lui était plus arrivé depuis le début de sa cécité. Mais le plus étrange c’est que ses rêves vont se révéler être prémonitoires, et avoir un personnage récurrent : un jeune de son âge, plutôt mignon, qui semble lui aussi l’appeler à l’aide. Voilà un thriller efficace, rempli de rebondissements, avec une héroïne pleine de fougue et d’appétit de vivre qui sait plonger dans l’aventure sans sourciller et avec plus de volonté que les garçons qui l’entourent.
L’auteur Jo Witek signe là son second thriller pour adolescents chez Actes Sud Jr, après le terrifiant et terriblement efficace Peur Express. Une résidence d’auteur dans un institut de jeunes aveugles lui a permis de retranscrire au mieux la vie quotidienne de ces jeunes qui souffrent plus au quotidien du regard que les autres portent sur eux que de leur handicap. Une leçon de vie et de courage.
