Interview de Pascal Garnier
à propos de : « Derrière l’écran » pour L’Ours Polar.
- Tout d’abord d’où vous ai venu l’idée de ce livre qui traite de cinéma et de la peur de vieillir?
J’aime le cinéma et les montagnes d’Ardèche. Par hasard j’ai rencontré une association à Lamastre, là où se situe l’histoire, qui pratique cette activité ; le cinéma itinérant. J’aurais adoré apporter le rêve à domicile dans ces régions reculées et sauvages. Auprès de ces gens, j’ai pu me documenter sérieusement et en profiter pour me balader dans le coin, ce qui m’a permis de me régaler dans les descriptions des paysages. De plus en plus, dans mes livres, le décor devient aussi important que les personnages principaux. Pour ce qui est de la peur de vieillir, ma foi, je suis comme tout le monde. Chaque matin en me levant je me découvre une nouvelle douleur et je me dis que malgré tout, c’est la preuve que je suis toujours vivant. - Jimmy est un héros atypique, mais un ado typique. Mal dans sa peau, avec des difficultés à cerner ses envies et son avenir. Serait-il un reflet de l’ado que vous étiez ? Ou bien celui d’une personnalité de votre entourage ?
J’ai été Jimmy, il y a hélas bien longtemps, mais je m’en souviens parfaitement. L’adolescence est un cap difficile à franchir. Presque du jour au lendemain, nos jouets, ne sont plus que des choses inertes, dénuées d’intérêt. On n’est plus un enfant et pas encore un adulte. Bref, comme on dit vulgairement, on a le cul entre deux chaises et ce n’est pas très confortable. C’est sans doute pourquoi je m’attache à écrire plus particulièrement pour cette tranche d’âge dans l’espoir d’y apporter encore un peu de magie. - Le père de Jimmy revient vers son fils après une peine de prison. Y-a-t-il une volonté de votre part de parler de la réinsertion des prisonniers par le biais du parcours père du héros ? Il m’est arrivé bon nombre de fois d’aller rencontrer des détenus et, effectivement, c’est la réinsertion qui pose le plus gros problème. Je comprends qu’il y ait des prisons mais à quoi servent-elles ? Si c’est pour y pourrir en se gavant de médicaments et de télé sans rien y apprendre, sans rien y comprendre, le retour à la liberté équivaut à revenir à la case départ et généralement en plus piteux état que le jour de son incarcération. Il m’a parut souhaitable, en créant le personnage du père, d’en dire quelques mots. Cela mérite réflexion.
- L'héroïne mystérieuse, Diane, est un personnage de femme très intéressant. Quel message avez-vous voulu faire passer, si message il y a, en la dotant de cette forte peur de vieillir? Un regard sur notre société très tournée vers 'image? Je n’ai pas de message à faire passer, si non, je serais devenu facteur. Je me suis contenté de décrire Diane comme une jeune fille que j’aurais aimé rencontré à l’âge de Jimmy et peut être cela s’est-il passé ? Qu’elle soit mystérieuse, toutes les femmes le sont et le seront toujours à mes yeux. Mais sans fausse modestie, je m’aperçois, en écoutant mes lecteurs parler de mes livres, qu’ils sont beaucoup plus intelligents que moi. Aussi, si certains veulent y voir un symbole sur l’image de la femme dans notre société, ils ont sans doute raison.
- Une fin aussi triste, était-ce une volonté de faire de cette histoire un drame romantique?Les histoires d’amour finissent mal, en général. Il suffit de se référer à nos bons vieux contes de fées (La petite sirène, la petite fille aux allumettes, etc… La liste est longue !) pour se faire à l’idée qu’à la fin, on ne se marie pas toujours en ayant beaucoup d’enfants. Et puis allez savoir, qui dit que la dernière page du livre n’en cache pas une autre ? Jimmy est sain et sauf, quant à Diane, on n’a pas retrouvé son corps. Peut être la retrouvera-t-il dans celui d’une autre ? On ouvre un livre mais on ne le referme vraiment jamais. Avec les auteurs, il faut s’attendre à tout !
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