11 févr. 2010

Les variations Bradshaw - CUSK RACHEL - L'Olivier


Les variations Bradshaw ( The Bradshaw variations )
Rachel Cusk
Traductrice: Céline Leroy
L'Olivier - 02/10
280 pages - 22 euros

Un roman vibrant qui rend hommage aux variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, jouant pour nous la mélodie de la grande littérature anglo-saxonne contemporaine.

Les variations Goldberg de Bach sont trente-deux mouvements composant une œuvre connue pour deux choses : son contenu riche en formes et en rythmes, ainsi que par le fait qu’elle finisse comme elle a commencé. Rachel Cusk a appliqué ces principes à la famille Bradshaw, elle scinde une année majeure dans leur vie en trente-deux chapitres, consacrés à ses différents membres, et la fait se terminer tout comme elle a commencé. Celui va vivre ce cycle se nomme Thomas Bradshaw, quadragénaire britannique qui a pris avec sa femme une décision qui va donner à leurs vies un tournant qu’ils n’auraient jamais pu imaginer. Il s’agit pourtant d’une décision simple : échanger les rôles. L’homme, Thomas, reste à la maison pour s’occuper de leur fille, tandis que sa femme Tonie accepte une promotion qui la tiendra plus souvent éloignée de chez elle. Thomas va en profiter pour faire un point sur sa vie, apprendre le piano, tandis que Tonie va se dégager du train-train de femme au foyer. Ceux qui composent le reste des chapitres sont tous ceux qui gravitent autour de cette cellule centrale : les autres membres de la famille Bradshaw, la mère de Tonie et leur locataire Olga. Jeune immigrée polonaise qui dira d’eux « les gens avec qui je vis ont l’air parfaitement normaux, mais c’est faux(…) Ce n’est pas une famille normale. Peut-être que ce n’est pas si facile d’être normal. » Cette phrase résume le roman, ce combat pour être normal mené par les membres de cette famille. Se développe alors tout le talent de Rachel Cusk qui avec sa capacité à entrer dans le quotidien de tout un chacun en faisant acte de littérature. On pense souvent à Virginia Woolf, l’auteur y fait aussi écho en nous faisant croiser une poupée nommée Clarissa. Son talent à décrire le quotidien avec un cynisme mordant, que l’on avait déjà aperçu dans: Arlington Park (grand succès de la rentrée littéraire française 2007), nous fait vivre au cœur de cette famille si proche de nous de par ses préoccupations intrinsèquement humaines.


Article paru dans le Page Janvier/Février 2010
Article publié dans www.lechoixdeslibraires.com, lu en partie par François Busnel dans le journal sonore des livres.

1 commentaire:

Liceal a dit…

Intéressant. Au début de ta critique, je me disais "oh, à lire en écoutant Glenn Gould", puis je ne suis plus sûre... à lire sans fond sonore, car si j'associe cynisme et musique alors ça en est fini de moi!