23 sept. 2008

Tout nu - LE THANH TAI-MARC et CHAUD BENJAMIN - Gautier-Languereau


Tout nu
auteur : Tai-Marc Le Thanh
illustrateur : Benjamin Chaud
Gautier-Languereau- 09/08
34 pages - à partir de 3 ans - 13 euros

Un matin Pierre est tiré hors de son lit par son papa qui est très en retard.
Il lui enfile, son cartable et ses bottes rouges. Et? C'est tout!
Du coup Pierre se retrouve tout nu au portail de son école.
Mais tous ses amis ne semblent que voir ses belles bottes rouges.
Cela lui fait comprendre que la journée va être difficile. En effet il va se retrouver obliger de faire un exposé sur les petits oiseaux et un autre sur les robinets.
Et pour éviter de se faire embêter à propos de ses bottes rouges, il va se cacher derrière un arbre. Et là il va tomber nez à nez avec une copine, elle aussi cul-nu mais en bottes vertes.
Tous les deux vont trouver des petites feuilles pour les attacher avec des petits bouts d'écorce pour se les mettre autour de la taille.
Au final Pierre aura vécu une bien belle journée, une journée au poil!

Taï-Marc Le Thanh a le chic pour nous faire sourire par ses textes drôles et poétiques. Alors si on lui accole comme partenaire le papa de Pomelo et de la Fée coquillette, Benjamin Chaud, et bien ça fait un petit album plein de poésie loufoque!
Tout le jeu en début d'album consiste à dissimuler le zizi du petit garçon derrière divers accessoires et jeux de mots : oiseau, robinet... Pour le laisser éclater au grand jour durant le cours de sport.
Une espèce d'ôde au plaisir d'être tout nu, surtout quand on a des belles bottes rouges.
Mais là où la couleur rouge est la mieux mise en valeur c'est sur la quatrième de couverture, où on voit le côté pile du petit Pierre-nu-comme-un-ver : des petites fesses toutes rondes et toutes craquantes!
Un album pour fille et garçon pour parler du rapport avec son corps, et de sa place dans l'espace.

19 sept. 2008

Le contour de toutes les peurs - GUERAUD GUILLAUME - Rouergue


Le contour de toutes les peurs
Guillaume Guéraud
Le rouergue - doAdo noir- 09/08
125 pages - à partir de 12 ans - 7 euros 50

Clément Rivière, collégien de 14 ans va vivre la pire soirée de sa vie.
Pourtant tout avait commencé normalement, après ses cours il était rentré directement chez lui.
Il était sûr que son avocate de mère ne serait pas encore rentrée de son travail sur Bordeaux.
Clément s'apprêtait donc à vivre une fin de journée normale entre devoir, goûter et activité solitaire.
Mais du bruit dans le bureau de sa mère va entraîner une succession d'évènements qui vont obliger le jeune adolescent à faire le contour de toutes les peurs.
Un inconnu baraqué et énervé est en train de saccager le bureau de sa mère. Un homme fou de rage et de désir de vengeance à l'encontre de cette avocate qui lui a fait perdre sa fille.
Clément va se retrouver otage de cet homme au bout de ses souffrances. Il va vivre une torture physique et psychologique.
Clément n'en ressortira pas indemne, il comprendra que la violence dans la réalité est beaucoup moins esthétique que celle des films d'action qu'il affectionne. 

Petit texte plein de violence que nous livre là Guillaume Guéraud. Une petite bombe pleine d'échardes. Les scènes décrites sont violentes et écorchent les yeux.
Surtout une scène où une bouche et une agrafeuse sont les acteurs principaux.
En obligeant Clément à faire le contour de toutes ses peurs face à la violence désespérée de cet homme qui a tout perdu et qui cherche un coupable, l'auteur nous montre toutes les souffrances qu'impliquent la violence. Tant la violence physique, que la violence des actes. Autant Clément que son agresseur en ont été victimes. 
Tout cela entrecoupé de scènes de films cultes racontées comme si on y était, la passion du 7e art que Guillaume Guéraud a transmis au personnage de Clément lui permet d'avoir un certain recul sur les évènements, et vont l'aider à aller au-delà.
Et pour une fois tout finit bien, malgré un goût amer au fond de la bouche, détester les méchants est toujours plus facile dans les films.

16 sept. 2008

Les bijoux de famille - MARECHAUX LAURENT - Le dilettante


Les bijoux de famille

Laurent Maréchaux

Le dilettante – 2008

253 pages – 17 €

Tout commence le 16 septembre 1907 dans un train réalisant le trajet Moscou-Paris. A son bord deux jeunes russes partant faire leurs études de médecine : Sacha Ivanov et son meilleur ami Victor Bornstein.

La France va être le creuset de la saga des Ivanov, le berceau des branches ascendantes de cette famille bousculée par les guerres mondiales, et les conflits majeurs de ce début de siècle.

Tout commencera vraiment par l’amour fou de Sacha pour une jeune sud-américaine rencontrée un soir à l’opéra.

« Sa rencontre avec Carmen Roblès et la légende, entretenue année après année pour embellir les origines modestes de sa femme, sont à l’image de sa propre existence, trop belles pour être tout à fait crédibles. »

Le romantisme russe exacerbé de Sacha, sa volonté de vouloir faire briller le blason de sa famille, ses légendes sur des bijoux d’une valeur inestimable caché dans les racines d’un arbre lors de la révolution russe, tout cela va contaminer toutes les branches des Ivanov.

Et avec eux leurs proches. Rien ne leur sera épargné dans la quête des réponses sur un passé inventé de toutes pièces.

Désillusion, perte de repères, fanatismes fous…

Finalement l’arbre se révèlera à la hauteur des racines fumeuses : des vies pleines d’ombres et de poussière aux yeux.

C’est dans un rythme haletant que Laurent Maréchaux nous racontent comment ces bijoux de famille peuvent rendre fous sur plusieurs générations. Et dans bijoux de famille il faut entendre cette légende autour des joyaux russes. Mais également l’image que l’on emploie familièrement pour parler de cette paire propre aux hommes, attributs qui joueront bien des tours à ces messieurs ainsi qu’à leurs compagnes. Sans oublier le fait que chaque Ivanov mâle aura à ses côtés un meilleur ami pour faire-valoir, souffre-douleur et témoin de ses folies.

Les chapitres se succèdent avec chaque fois un titre qui nous montre du doigt lequel des Ivanov va être le plus mis en lumière. Chacun devient père à son tour, puis grand-père tous avec le même désir pesant de pérpétrer un destin à la hauteur de ce que l’on devrait attendre d’un Ivanov. Tous mis en abîme par le miroir des yeux de leur père, fils et grand-père.

Le premier chapitre du livre débute par une citation de Staline nous rappelant que « un mensonge assez souvent répété devient une vérité », le dernier quand à lui nous est raconté par un des pendants des Ivanov. Un des derniers meilleurs amis, qui est le seul à parler à la première personne (si l’on exclue les extraits de journaux intimes), et qui nous dit à l’extrême souffle de la saga Ivanov qu’« il est urgent de vivre. »

Conseil donné au vu du recul pris par cette âme damnée de l’arbre généalogique, que n’aura jamais suivi aucun des Ivanov. Aveuglés qu’ils étaient par leurs bijoux de famille, leurs « apparences trompeuses et [leurs] chatoiements douloureux », comme le met Laurent Maréchaux dans la dédicace de mon exemplaire.

/Un très bon roman français que vous ne terminerez pas sans un pointe de regret à laisser cette famille atypique et ô combien attachante.

Une saga franco-russe savoureuse où chacun pourra retrouver un peu de sa propre famille, dans toute sa complexité et sa simple beauté. /